Créer, c'est résister. Résister, c'est créer !

Édito de la saison 23-24

Une nouvelle saison s’ouvre au théâtre et sur le territoire du 5e avec des créations inclusives qui mettent en pièce notre monde, puisant dans le passé des armes pour nos combats actuels.
En écho à l’homme-clown de notre photo de saison, qui se dresse parmi les gaz lacrymogènes, un appel : RÉSISTER.

Une résistance à l’œuvre à travers 19 spectacles comme autant d’expériences émancipatrices confrontant poétique et politique.

Dans une créativité lucide, les artistes – 74% sont des femmes - nous entraînent entre révolution  et art de la métamorphose, utopie libertaire et parcours initiatique. Sur scène prennent alors corps des personnages que l’histoire, la politique, le patriarcat ont délibérément ignorés et invisibilisés qui, peu à peu, s’opposent aux récits dominants.

 

Après HURLULA, premier cri libérateur de la performeuse Flora Détraz, nous vous invitons à découvrir deux bouleversantes histoires ancrées  dans le monde rural, Arrête avec tes mensonges et La Nuit des Temps où se dévoilent, entre traditions et désirs profonds, des amours contrariés.

 

Cette saison est aussi une invitation à investir de nouveaux espaces de jeu en devenant spect-acteur·rices :

Défiant l’apesanteur, le quatuor d’À tout rompre, explore la rupture, qu’elle soit physique, amoureuse ou professionnelle, dans un espace intimiste entre cirque et théâtre.

Faisant la peau aux stéréotypes, Ntando Cele revisite avec mordant les rôles des femmes noires  dans son cabaret GO GO OTHELLO, tandis  que le roumain Eugen Jebeleanu nous invite à peser Le Prix de l’or au cœur des compétitions de danses sportives.

Intégrant des espaces de débat, le public siège également dans notre procès au tribunal qui interroge « les zones grises du consentement » et participe à une fête révolutionnaire lors de 14 Juillet – 7 fois la révolution.

 

Si les révolutionnaires ont renversé le pouvoir en 1789 et supprimé les emblèmes de la tyrannie, qu’en est-il en 2023 ? À leur image, les élèves de Quatrième A éprouvent les premiers frissons  de la désobéissance civile.

Ces questionnements autour de la mémoire collective et de ses symboles se prolongent dans un dialogue entre Coumba Kane, journaliste et moi-même - Angélique – lors du Grand ReporTERRE#9 : Que faire du passé ? Tandis  que Lucie Berelowitsch questionnera, quant à elle, dans le Grand ReporTERRE#8, l’engagement des reporters et artistes dans les zones de conflits.

 

La résistance au sexisme, au machisme, à l’assignation est le cœur des œuvres : de Dorothée Munyaneza qui s’appuie sur les écrits d’Elsa Dorlin pour danser Toi, moi, Tituba…, de Catherine Marnas qui s’empare de la scandaleuse et tragique Herculine Barbin, de Jennifer Lesage-David et Emmanuelle Laborit qui dévoilent la violence conjugale dans Tellement sympa tandis que Judith Bordas et Annabelle Brouard taillent la route des Fugueuses.

 

Échapper aux normes, revendiquer sa singularité avec fierté c’est l’ADN de Love is in the hair de Laëtitia Ajanohum et de Back to reality où Adèle Gascuel et Catherine Hargreaves interrogent aussi le validisme et notre capacité à l’inclusion.

 

En fin de saison, nous scrutons nos velléités face aux bouleversements climatiques où Arcadie dévoile avec humour les dérives d’une communauté à l’écart des ondes tandis que le trio d’agitateur·rices artistiques de Ce qui m’est dû parlent, dansent et signent une alternative politique.

 

Une saison avec près de 60% de créations : une prise de risque pour nous tous·tes et un généreux saut dans l’inconnu !

 

À vous, à présent, de vous engager dans ces aventures, dont certaines sont imaginées en complicité avec la Maison et la Biennale de la danse, les SUBS, les Théâtres de l’Élysée et des Clochards Célestes, les festivals Sens Interdits et UtoPistes, pour dessiner ensemble une cartographie des débats qui nous animent et nous ressourcent !

 

Angélique Clairand et Éric Massé
co-directrice et co-directeur du Théâtre du Point du Jour